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Fédération des Spiruliniers Français

Fédération des Spiruliniers Français - Nathalie de Poix
Par Joana CIDADES Il y a 7 ans
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Interviews

Spiruline : une fédération française à l’écoute

Nombreux sont les pays qui étudient, depuis longtemps déjà, la spiruline et ses effets. Reconnue comme très bénéfique pour la santé, sa culture et son séchage se veulent les plus bio possibles afin de conserver toutes ses qualités nutritionnelles.

Cette microalgue est cultivée, en France, depuis 1997, par des structures de petites tailles. C’est en 2009 que la FSF (Fédération des Spiruliniers Français) a vu le jour afin de représenter les producteurs Francais et structurer la filière aquacole spiruline, accompagner les professionnels, mais aussi les porteurs de projets, au travers de différentes actions qui ont permis de créer une véritable filière devenue représentative à l’échelle nationale. Ce sont aujourd’hui, en 2017, 150 adhérents/producteurs qui ont rejoint la FSF.

 

Un accompagnement des spiruliniers

Avec un taux de croissance de 20% par an, le rôle de la fédération est aussi d’accompagner les spiruliniers en cours d'installation au travers la formation, les ateliers et les échanges techniques entre producteurs. L’objectif est de leur permettre d’appréhender et d’optimiser la culture de cette microalgue dans les meilleures conditions. Cela passe, notamment, par de la formation continue, qui évolue au fil des programmes et avancées de R&D que mène également la FSF, ainsi que par des rencontres annuelles de travail (une semaine en novembre en fin de saison).

La FSF se charge aussi de communiquer vers les consommateurs afin de les sensibiliser aux méthodes de production paysanne et à la qualité de la spiruline qui est, avant tout, un aliment hors norme, sain et capable de combler de nombreuses carences nutritives.

A l’initiative de la toute première structure de ce type en France, et dans le monde, la FSF dispose aujourd’hui de multiples informations, tant sur le plan économique que culturel. Des informations qui sont partagées, améliorées, enrichies au fil des années, au travers de l’expérience des adhérents qui fonctionnent de manière solidaire, tant en termes de techniques d’innovation que d’aides à la mise en route d’une exploitation.

Les spiruliniers s'engagent aussi à transférer le fruit de cette mutualisation aux spiruliniers des pays du Sud, par la participation à des colloques en Afrique, par le soutien technique à l'installation de fermes en Asie et en Afrique, ainsi que par la signature de convention avec des ONG françaises actives dans le domaine de la spiruline.

 

Une surveillance efficiente au service de la qualité

Pour répondre à une demande grandissante des consommateurs en termes de quantité et de qualité, les producteurs sont tenus de réaliser, de manière régulière, différentes analyses afin de s’assurer de la bonne qualité de leur production. Ainsi, entre les tests portants sur les métaux lourds, ceux sur la microbiologie ou encore sur l’eau utilisée pour la culture, des normes très strictes sont à respecter. Toutes ces analyses sont centralisées sur les mêmes laboratoires, ce qui permet une traçabilité qualitative de la production de la filière.

 

Le mot de l’expert

Madame Nathalie de Poix, membre du collège de la FSF, dans un court entretien, nous a apporté quelques réponses concernant la qualité et la valorisation de la spiruline en France.

           

Quelles analyses sont à prévoir pour une production de bonne qualité ?

L’intéressée nous confie qu’il faut procéder à des "analyses régulières : microbiologiques, métaux lourds, contaminants, analyses nutritionnelles et analyses des eaux de culture." Elle ajoute que "bien choisir son eau, ses intrants, son mode de séchage et avoir un bon suivi de culture est déjà un gage de qualité."

 

Comment luttez-vous contre les cultures "hors normes" puisque certains producteurs effectuent la production sur des bâches tandis que d’autres ont installé des bassins en béton ?

Si le béton est le meilleur moyen de stocker des bactéries de toutes sortes, il faut savoir que les normes de production, la charte qualitative de la FSF, les analyses et suivis des paramètres de culture, les données techniques, les résultats des recherches (financées par le Ministère de l'Agriculture et aussi par le FEAMP) transmis dans les formations sont autant de garants de la qualité de la spiruline produite par les spiruliniers Francais.

Nathalie de Poix nous explique que « les productions “hors normes” problématiques actuellement sont les productions industrielles en majorité importées. Ces dernières ne sont pas réglementées ni contrôlées à l'entrée en France. Elles sont souvent produites avec des cahiers des charges complètement opaques, n'offrant aucun critère qualitatif ni aucune transparence (on ne sait pas quels intrants sont utilisés pour la culture). Une fois cette spiruline conditionnée en France, elle peut être vendue dans la confusion totale pour le consommateur sous le label AB avec un drapeau français “fabriqué en France”.

À noter que ces productions industrielles vont aussi voir le jour en France. L’objectif est avant tout, pour les paysans, d’être bio pour « prendre le marché ». L’industrie utilise une protéine (engrais à base de maïs) pour cultiver une protéine, un bio incohérent, voire même aberrant.

La productrice conclut que "c'est aussi probablement la première fois que nous verrons des gros producteurs être labellisés avant les petits : l'avenir va nous dire la suite !"

 

 

La démarche de la FSF vers le sud

 

Et, justement, quel est le risque sanitaire en cas de culture non surveillée ?

Une culture non surveillée peut tout simplement mourir ou encore devenir impropre à la consommation. Les analyses régulières sont là justement pour palier tout risque. Selon Nathalie de Poix, "le “bon spirulinier” est celui qui est derrière son bassin tous les jours, c'est comme l'éleveur ou le maraîcher, c'est du vivant."

Il y a aussi ceux qui vont prétendre que ce ne sont pas des paysans qui peuvent faire cette culture mais uniquement des laboratoires bien stériles. La FSF a été la première au monde à proposer un “Guide de bonnes pratiques d'hygiène” et l'HACCP a été la toute première à déposer un “Cahier des charges biologique” cohérent pour la spiruline. Tous ces outils sont parfaitement transférables sur de petites unités de production partout dans le monde.

Nathalie de Poix ajoute que la FSF existe « depuis plus de 20 ans et, à l'heure des grands scandales alimentaires, il est bon de se poser la question de savoir s'il est préférable d'avoir des grosses usines à spiruline ou un grand nombre d'unités de production, chacune faisant vivre une personne très responsable de ce qu'elle va mettre sur le marché.

           

En termes de label, lesquels peuvent être obtenus pour la spiruline ?

La FSF travaille sur un label paysan qualitatif et un cahier des charges AB transparent et ouvert aux consommateurs.     

  

Une production paysanne

Si dans plusieurs pays la production de spiruline est industrialisée, en France, un point d’honneur est mis sur une production artisanale. Les fermes d’exploitation disposent de superficies d’élevage entre 200 et 2 000 m² en moyenne et s’appuient sur des techniques de production le plus près possible de la nature.

Si ces structures souhaitent conserver des dimensions à taille humaine avec des techniques dite "basse technologie", façonnage manuel et séchage à basse température notamment, c’est avant tout pour proposer une spiruline de qualité. Car c’est ainsi que sont préservées les vertus nutritionnelles de la spiruline.

Toutefois, production paysanne ne veut pas dire production rudimentaire. En effet, grâce à l’évolution de la technologie, la culture de cette “cyano bactérie” peut se faire avec du matériel optimisé et des techniques de production de plus en plus écologiques et une très bonne traçabilité. Le terme de “cyano bactérie” à d’ailleurs toute son importance en comparaison de celui de microalgue.

De l’appellation découle un certain classement et, par conséquent, des règles différentes. "Les gros opérateurs souhaiteraient supprimer ce terme de “cyano bactérie” à cause de la peur qu'il génère, mais les microalgues ont aussi des toxiques. Un classement en microalgue peut être préjudiciable à la filière en générant une application de règles inadaptées" explique la productrice.

 

Quelle pérennité pour la spiruline ?

A court terme, la fédération entend placer la France sur la plus haute marche sur le plan de la qualité des produits. Cela permettra, ainsi, de répondre favorablement à la forte demande des consommateurs, aussi bien sur le territoire national qu’à l’échelle européenne.

Par ailleurs, les spiruliniers, lorsqu’ils adhèrent à la FSF, s’engagent dans une charte visant, d’une part la coopération entre les membres et, d’autre part, à créer un véritable mouvement de solidarité humanitaire envers les pays touchés par la malnutrition.

Le rapport de confiance qui s'instaure entre les consommateurs et les spiruliniers par la vente en direct est l'un des plus grands gages de pérennité. Les clients apprécient la spiruline paysanne et ses effets bénéfiques et privilégient alors le choix de cette spiruline produite localement et vendue en circuit court.

 

Une action humanitaire

Enfin, Nathalie de Poix nous confie que "de par ses statuts et ses fondements solidaires la FSF travaille également en lien avec des ONG et associations oeuvrant dans les pays du Sud contre la malnutrition."

La fédération a constitué plusieurs commissions de travail, dont la commission Spir'sol. Les actions de cette commission sont auto-financées par la participation de chaque spirulinier pour 0,2% de son chiffre d'affaires annuel. Cette commission rassemble des spiruliniers actifs dans des projets de fermes de production au Sud, soit pour des ONG, soit pour des associations qu'ils animent.

C'est tout d'abord un soutien technique, des producteurs partent sur les sites pour aider, conseiller ou apporter leurs compétences techniques sur des projets de création de fermes aux vocations humanitaires. Cela passe aussi par la communication, la formation, les échanges entre producteurs. La FSF souhaite favoriser un schéma de développement de fermes autonomes, conduites par des producteurs en réseau, comme en France.

Pour les associations, on peut citer Spirale Verte et Partage pour la ferme eco-spiruline au Togo, Nutrition Santé Bangui en République Centrafricaine, Mémoire de femmes au Niger, Sharana en Inde.

Les spiruliners participent régulièrement, à titre personnel, au colloque bi-annuel regroupant les spiruliniers du Sud, qui se tiennent en Afrique. La fédération a signé des conventions de partenariats techniques avec trois ONG. Cela permet aux spiruliniers de partager les savoirs-faire avec leurs collègues du Sud. Dans le cadre d’Antenna Technologie France, en 2017, les spiruliniers sont partis à Madagascar, au Togo, au Mali et en Côte d'Ivoire ; Technap pour les projets au Burkina.

Une réflexion est actuellement en cours concernant les R&D et applications nutritionnelles/santé qui pourraient se réaliser sur le terrain en regroupant les partenaires solidaires, les scientifiques et la FSF. La qualité de la spiruline est, là aussi, garante de ses bienfaits et de son efficacité dans la lutte contre la malnutrition.

Nos techniques de culture viennent d’ailleurs de ce développement solidaire pionnier qu'a connu la spiruline depuis une trentaine d'années. Le travail de transfert des savoirs et le soutien technique, comme toutes les actions solidaires que mène la FSF, sont le retour de cet héritage qui propose un nouveau paradigme : le développement de fermes en réseau avec des producteurs de proximité animés par la conviction profonde que cette ressource alimentaire exceptionnelle qu'est la spiruline appartient à tous.

Cet été 2017, la fédération a pris en charge les billets pour la venue sur un mois des 2 chefs de culture de la ferme du Togo de manière à parfaire leur formation pour qu'ils puissent devenir formateurs pour les projets de leurs pays voisins et favoriser ainsi le transfert de technologie Sud-Sud. Pendant ce mois, chaque semaine, ils ont été accueillis dans une ferme différente. La fédération souhaite vraiment soutenir la mutualisation et le transfert de technologies Nord-Nord, Nord-Sud et Sud-Sud pour permettre au plus grand nombre l'accès à une spiruline paysanne de qualité.

 

Joana CIDADES
Joana CIDADES